Gilets jaunes dans paris

En France et en Grande-Bretagne, les gilets jaunes ont muté en symboles de colère contre toute forme de lutte, de l’austérité à l’islam.

Ce qui n’est pas contesté, c’est qui est venu en premier. Les premiers gilets jaunes viennent de France, un mouvement populaire de citoyens basé sur les médias sociaux, sans structure formelle, leader reconnu ou soutien de parti ou de syndicat, nommé d’après les gilets de haute visibilité que les conducteurs français sont tenus par la loi de porter dans leurs véhicules.

Le phénomène a commencé en France à la mi-novembre pour s’opposer aux augmentations proposées des taxes sur les carburants, mais s’est depuis élargi à une série de griefs contre Macron (que les manifestants considèrent comme arrogant et déconnecté) et son gouvernement centriste, probusiness et l’establishment en général.

Les chiffres en cause — en France, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue — sont la différence la plus visible entre les deux pays. En Grande-Bretagne, les protestations pour les gilets jaunes vont de quelques dizaines — y compris ceux qui ont bloqué le pont de Westminster en décembre — jusqu’aux milliers de personnes qui, samedi à Londres, se sont jointes à une manifestation contre l’austérité à laquelle ont participé des personnalités comme le chancelier de l’ombre, John McDonnell, et qui comprenait des Jaunes français.

Comme en France, la situation au Royaume-Uni est embrouillée par la bataille pour la propriété idéologique qui se déroule sur les plateformes de médias sociaux, dont deux pages Facebook rivales. L’une, « aimée » par plus de 2.300 personnes, est badgée autour de l’austérité opposée et se décrit comme la « branche officielle des gilets jaunes », tandis qu’une autre, avec 14.000 personnes, promeut un « grand rassemblement de trahison britannique » sur Brexit et présente des vidéos anti-immigration.

Parmi les causes promues par certains gilets jaunes, mentionnons une campagne montée par Tracy Blackwell, la mère de l’un des trois adolescents tués par un chauffard en fuite, ainsi que d’autres, dont le suicide chez les anciens combattants et la violence faite aux enfants.

En France, les diverses revendications sociales et financières des manifestants vont de la suppression de l’augmentation prévue de la taxe sur les carburants et de la hausse du salaire minimum (ce que Macron a concédé et accepté un « grand débat national » sur leurs préoccupations) à l’augmentation du pouvoir d’achat, l’amélioration des services publics, la démission du président et une démocratie plus directe.

À la racine, le mouvement est une protestation de la périphérie oubliée de la France, dont beaucoup vivent en milieu rural ou dans des petites et moyennes villes éloignées de la richesse des villes.

En dehors des grandes villes, ils se sont surtout rassemblés pacifiquement sur les ronds-points et aux barrages routiers partiels pour exprimer leurs doléances. À Paris et dans d’autres centres urbains, cependant, les manifestations du samedi ont pris la forme de démonstrations de force.